Serge Liagre, passionné de textiles et de costumes anciens

Détail d’une pièce haute-couture

Nous avons rencontré à la Villa Rosemaine, une charmante bastide de 1907 située dans l’ouest toulonnais, Serge Liagre, un passionné de tissus et de costumes anciens. Depuis 30 ans, cet ancien danseur étoile du Ballet de Monte-Carlo, collectionne des pièces de mode française, du patrimoine provençal, de boutis, d’indienne française et du Levant, sans oublier une importante collection de châles cachemire français et indiens.

Ses passions : l'acquisition, la restauration, la conservation et la diffusion textile, principalement de costumes d'époque et de pièces de haute-couture, mais aussi de tissus d'ameublement.

Serge Liagre a été plongé très tôt dans un univers artistique et créatif. Grâce à la Princesse Caroline de Hanovre, il a eu la chance de rencontrer des personnalités aussi diverses que Karl Lagerfeld, Pierre Lacotte ou Richard Avedon.

Assistant de Roland Petit et de Zizi Jeanmaire, il a eu l'occasion de travailler avec Edmonde Charles Roux, Jane Birkin, Rudolf Noureev, ou de découvrir l'univers fascinant d'Yves Saint Laurent et de Jean Cocteau. Avec Marie-Claude Pietragalla et Michel Archimbaud, il a pu étudier les œuvres de Camille Claudel, Rodin ou Francis Bacon. 

Depuis quelques années, il conçoit des expositions de costumes et partage sa passion pour ce riche patrimoine de tissus anciens et de costumes à travers des visites guidées au 2ème étage de la Villa Rosemaine. Une exposition intitulée “Histoire d'une collection Textile 2010-2025” a eu lieu en 2024/2025 et une prochaine est en préparation pour l’automne 2025.

Des textiles anciens et des pièces haute couture sont également proposés à la vente sur son site.

Par ailleurs, la Villa Rosemaine a obtenu le statut de Centre d'étude et de diffusion du patrimoine textile et  le 1er étage est dédié à la conservation et à la restauration.

Les indiennes : une histoire provençale

Importées à Marseille dès la fin du 16ème siècle par des Arméniens, les indiennes étaient des étoffes légères et colorées venues d’Inde et d’Orient. Elles séduisent vite une époque habituée aux lourdes étoffes de soies, aux lainages et aux toiles de lin unies. Elles plaisent par le coton dont elles sont faites, par la fraîcheur des couleurs et la variété des décors réalisés grâce à la technique du block print (“impression au bloc de bois”). Ces étoffes étaient peintes avec deux couleurs dominantes, le rouge, tiré de la racine de garance et le bleu, extrait de l'indigotier. La vogue de ces tissus se développe fortement à partir de la création de la compagnie des Indes Orientales par Colbert en 1664. Elles sont utilisées pour confectionner foulards, jupons, tabliers, chemises, ainsi que pour l’ameublement.

L’engouement est tel que les artisans marseillais se mettent à les copier. Les motifs s’hybrident et sont réinterprétés par la culture locale : aux volutes de cachemire et aux ramages indiens se mêlent les modes locales. Mais en 1686, un édit vient interdire la fabrication des indiennes en France, afin de limiter la concurrence faites aux manufactures royales de soie, laine et lin. De ce fait, un certain nombre d’ateliers se regroupent en Suisse, en Alsace et en Avignon, possession papale non touchée par l’édit. La Toscane est aussi une terre d’accueil. Le goût pour ces produits interdits ne fera que se développer entraînant une forte contrebande.

Au 18ème siècle, la marquise de Pompadour s’en éprend et fait lever l’édit en 1759. Une fiscalité défavorable et des salaires plus élevés provoquent une délocalisation des entreprises marseillaises vers la Provence, et de là, le développement d’une véritable industrie des toiles peintes dans toute la France. Les importations des Indes lourdement taxées sont alors progressivement remplacées par la production nationale.

Les métiers à tissu sont automatisés, on améliore les tampons, puis, à partir du 19ème siècle, les cylindres de cuivre voient le jour et permettent d’imprimer en continu. Le début du 20ème siècle verra la mode se renforcer, avec l’invention de nouveaux codes, comme le costume de gardian inventé par l’écrivain Folco de Baroncelli. Mais la concurrence asiatique et l’évolution des mœurs précipitent ces manufactures à la faillite. Aujourd’hui, Olivades et Souleiado sont deux noms emblématiques en Provence qui perpétuent l'héritage des indiennes et des tissus provençaux.

En savoir plus : Indiennes sublimes, sous la direction de Serge Liagre.

Villa Rosemaine

436 route de Plaisance, 83 200 Toulon

Visites guidées (réouverture le 17 septembre)

Villa Rosemaine |

Compte Instagram

Page Facebook

Suivant
Suivant

Oléi Nature, à Ollioules : l’amour du produit